Regard sur le poids

A la suite de plusieurs demandes, je vous propose un résumé de ma conférence du 28 mars dernier. Le thème était :

« Le poids… une vérité peut en cacher une autre »

Nous sommes à un moment de l’année qui voit fleurir bon nombre de conseils sur la perte de poids. A priori tous les régimes vous feront perdre du poids, mais que perdrez-vous vraiment ? Sera-t-il bon pour votre santé ?

Quels sont les moyens à notre disposition pour apprécier votre poids et le qualifier ?

Le pèse personne

Il nous donne un chiffre qui peut varier en plus ou en moins parfois rapidement. Mais qu’est-ce que ce chiffre renferme ? Quelle partie de votre poids varie ?

Ce chiffre peut être important si vous êtes un sportif à catégorie (par ex boxeur, judoka,…) pour déterminer votre catégorie. Mais ce n’est pas la majorité de la population.

Indice de Masse Corporelle (IMC)

Il se calcule en divisant votre poids par votre taille au carré. Pour être la « norme », votre IMC doit se situer en 18.5 et 25, en deçà c’est la maigreur, au-dessus le surpoids et l’obésité. Ceci bien sûr dans l’absolu !

L’IMC ne tient pas compte de l’âge, de l’ethnie, du niveau sportif ainsi que de la distribution de la masse grasse.

En effet, j’accompagne quelques culturistes dont l’IMC dépasse allègrement les 25 voire les 28 en période d’entrainement et je peux vous garantir qu’il n’y a pas de gras en trop !

Comment connaitre la composition corporelle ?

Impédancemétrie

L’utilisation d’un impédancemètre me permet d’estimer la répartition de votre poids (celui que la balance vous aura donné !) et connaitre :

La masse osseuse
La masse maigre (muscles et viscères)
La masse grasse
L’eau.
Quel intérêt me direz-vous de connaitre tout cela ? Enorme !

Masse osseuse

Si vous avez un squelette très léger ou très lourd, déjà la différence sur la balance se fera sentir. Si vous avez un squelette lourd votre poids sera impacté et cet élément est peu modifiable.

Savoir si vous avez un squelette lourd ou léger permettra de voir si celui-ci peut supporter l’ensemble de votre poids, si l’activité physique que vous pratiquez ou envisagez est compatible et adaptée.

Eau

Elle compose environ 70 % de notre corps. Etre renseigné sur une bonne ou mauvaise hydratation permet également d’anticiper des conséquences éventuelles (par ex le risque d’une augmentation de la tension si on découvre une rétention d’eau importante en extra-cellulaire, des risques de blessures chez les sportifs comme les tendinites, …).

Les personnes obèses ont une hydratation corporelle plus faible. En effet si la graisse augmente, celle-ci prend la place de l’eau (ou éventuellement du muscle). Même si ces personnes ont parfois l’impression d’avoir « trop d’eau » en réalité plus la proportion de graisse augmente plus la proportion d’eau diminue.

Perdre de l’eau n’est pas maigrir !

Masse musculaire

C’est elle qui consomme le plus d’énergie sans rien faire. Elle consomme 4 à 8 fois plus de calories que le gras. Il est donc important de la maintenir voire de la développer !

Ici encore on peut trouver des surprises. J’ai accompagné par exemple des femmes qui étaient au régime depuis tellement longtemps qu’en fait elle consommait leur masse musculaire pour fonctionner. Lorsqu’elles venaient me voir initialement c’était dans l’objectif de perdre du poids, du gras. Or les mesures en impédancemétrie révélaient un déficit en masse musculaire à combler en priorité (rééquilibrage alimentaire, activité physique).

J’ai retrouvé aussi ce phénomène chez des sportives de bon voire de haut niveau notamment en course à pieds.

La balance ne sera donc ici encore pas la meilleure conseillère. Cela d’autant plus que si vous reprenez une activité physique sensée vous faire prendre du muscle le poids peut stagner voire même augmenter (le muscle est plus dense que le gras). Cela peut surprendre, décourager mais si c’est bien du muscle qui est pris vous verrez au fur et à mesure des changements dans la morphologie (plus mince, plus athlétique). C’est ce qui compte !

Masse grasse

A poids identique elle occupe un volume 2 à 3 fois plus grand que celui du muscle et consomme 4 à 8 fois moins d’énergie pour son entretien.

Elle est évolutive au cours de l’avancée en âge (18 à 37 % entre 20 et 60 ans chez les femmes et 10 à 29 % chez les hommes) et est un peu plus présente chez les femmes (réserves dans l’objectif de procréer et nourrir un enfant) mais localisation plus importante au niveau viscéral chez l’homme que chez la femme.

C’est une grosse réserve d’énergie dans laquelle il faudra puiser si on veut perdre du poids. D’ailleurs si elle est trop importante elle peut être vectrice de différents soucis de santé (cardiovasculaires, hormonaux, veineux, …) à apprécier selon sa localisation, permettant ainsi une prise en charge plus ciblée (excès de lipogénèse ou défaut de lipolyse).

De plus, la masse grasse peut augmenter chez les personnes ayant suivi des régimes pauvres en protéines et sans activité physique. Il faut savoir qu’un kilo perdu dans de mauvaises conditions ce sera 50 % en muscle et 50 % en gras. Et si le kilo est repris ce sera 100 g de muscle et 900 g de gras ce qui explique pourquoi on finit par reprendre plus que ce qui a été perdu (gras = plus de volume et moins de dépenses d’énergie).

Il est donc essentiel de mettre en place des réformes alimentaires et d’hygiène de vie correctes pour optimiser la perte de poids (pour la prise de poids pas abordée ici mais tout aussi voire plus encore problématique, la mise en place de réformes adaptées sera également nécessaire).

Le poids… finalement qu’en penser ?

C’est un indicateur parmi tant d’autres
Dans l’absolu il ne veut pas dire grand-chose
Une bonne connaissance de sa composition (et des soucis de santé éventuels) permet une prise en charge adaptée et cohérente
Cela vous évitera les régimes draconiens inutiles et inadaptés !

Véronique Chouteau
naturopathe, nutrithérapeute & coach de vie
vous accompagne et vous conseille à travers ses articles relatifs à ces différentes pratiques.