Du chanvre au CBD

Beaucoup de boutiques spécialisées en vente de CBD s’ouvrent, et j’ai régulièrement des demandes et des questions sur le sujet. Il m’a donc semblé intéressant d’apporter quelques précisions sur le sujet.

Le cannabis sativa, nom botanique du chanvre autorisé, fait partie de la vie de l’homme depuis la nuit des temps où son utilisation se retrouvait (et se retrouve encore) dans de multiples domaines :

  • Les fibres : utilisées pour élaborer des cordages, des tissus, la construction (isolation), pour le paillage, litière des animaux
  • Les graines (appelées chènevis) sont elles utilisées dans l’alimentation humaine (huile) et animales, en cosmétique
  • Les fleurs séchées sont destinées à un usage de remède, compléments, tisanes

Il existe 3 espèces (sous espèces selon certains) de chanvre :

  • Cannabis sativa, chanvre textile, à fibre, chanvre industriel, pour l’huile, la cellulose (9 variétés inscrites au code de la santé publique sont autorisées à la culture en France) : il a une très faible teneur en THC (< 0.2 %) mais élevée en CBD. Les extraits titrés en CBD sont issus des feuilles et des tiges.
  • Cannabis indica : type résine il possède une teneur supérieure à 1 % en THC. Il donne une résine responsable des propriétés psychotropes. Sa culture tout comme sa commercialisation et sa consommation restent interdites en France.
  • Cannabis ruderalis : chanvre sauvage

THC / CBD : qu’est-ce ?

 Le cannabis sativa contient plus de 100 phytocannabinoïdes. Les molécules les plus répandues et étudiées sont le tétrahydrocannabinol (THC), le cannabidiol (CBD) et le cannabinol (CBN).

Tétrahydrocannabinol (THC) est la principale molécule à l’origine de l’effet psychotrope. Interdite, elle ne figurera pas dans les produits que vous pourrez trouver commercialisés.

Le cannabinol (CBN) ne provient pas directement de la plante mais de l’oxydation à l’air de libre du THC. Le CBN contient des composants psychoactifs 8 à 10 fois moins concentrés que ceux du THC (propriétés calmantes et sédatives à l’étude).

Le cannabidiol (CBD) n’a pas d’effet euphorisant. Il est responsable des effets antiinflammatoires du cannabis et vient aussi lisser l’effet psychotrope du THC. L’agence Mondiale Antidopage l’a sorti de sa liste des substances interdites et l’OMS a récemment jugé le CBD sûr et non addictif. Il est toutefois à préciser qu’un projet d’arrêté pour une interdiction de vente des fleurs brutes est en cours pour une publication fin 2021 début 2022.

Actuellement ce sont des extraits de feuilles et tiges du Cannabis Sativa titré en CBD qui sont utilisés pour leurs nombreuses propriétés médicinales. Mais quelles sont-elles ?

Principales actions du CBD, quels usages peut-on envisager ?

Le CBD fait l’objet de nombreuses études et son potentiel thérapeutique semble apparaitre comme immense tout en provoquant que peu d’effets indésirables et une faible toxicité aux doses recommandées (étude).

Il est particulièrement actif sur le système nerveux avec des « cibles » variées et en premier lieu une action anxiolytique mais également dans les troubles de l’humeur (action antidépressive), le stress chronique (et stress post traumatique), le sommeil (selon la dose et sensibilité personnelle).

Il est à l’étude par ailleurs dans les maladies neurodégénératives (Alzheimer, parkinson, sclérose en plaque, épilepsie) grâce à ses propriétés neuroprotectrices (Etude). Il pourrait également être intéressant dans les suites d’accident vasculaire cérébral.

En accompagnement des traitements dans les formes sévères d’épilepsie, il semble réduire la fréquence des crises d’épilepsie (à l’étude).

Il faut également citer ses effets antalgiques et anti-inflammatoires (parfois plusieurs centaines de fois supérieures à l’aspirine) : notamment sur l’inflammation articulaire (arthrose, polyarthrite, spondylarthrite), du côlon (intestin irritable), de l’encéphale (céphalées, migraines), fibromyalgie, psoriasis (Etude)…

Le CBD a aussi montré une capacité à réguler les médiateurs de l’immunité sur des modèles animaux de maladies auto-immunes (Etude)

Le CBD peut soulager les nausées et les vomissements, et serait d’ailleurs une aide au confort dans l’accompagnement des traitements des cancers. Des chercheurs américains ont d’autre part démontré que le CBD pouvait réduire l’expression de certains gènes responsables de la diffusion métastasique de nombreux cancers comme le sein ou la prostate et réduirait ainsi leur agressivité (Etude).

Le CBD est à l’étude pour la réduction des addictions comme le tabac, le cannabis, et certains commencent même à le proposer dans l’accompagnement au sevrage d’autres consommations comme l’alcool ou des drogues plus dures (opiacés et cocaïne Voir ici).

Comment le prendre ?

On peut le trouver sous différentes formes, la principale étant la forme huileuse, nature ou aromatisée : Pour une meilleure biodisponibilité des principes actifs, il est préférable de déposer la ou les gouttes selon le dosage sous la langue (dosage qui sera fonction des sensibilités individuelles et personnalisé avec un praticien en fonction des cas).

Il peut y avoir un ajout dans des préparations à infuser (thé, maté, rooibos, tisanes, …)

On peut également le trouver sous forme de crème pour un soulagement des douleurs musculaires et articulaires.

Effets secondaires / précautions d’emploi

Il peut entrainer des somnolences, parfois des diarrhées, des modifications de l’appétit chez certains. Il n’y a pas de toxicité chez l’humain aux dosages habituellement conseillés, mais l’usage plus répandu à ce jour pourrait augmenter le nombre d’études pour préciser s’il y a lieu des effets non mentionnés à ce jour (Etude).

Le CBD induisant une activité au niveau du foie (inhibition de certains enzymes) il conviendra d’être prudent en cas de prises de médicaments (risques de modifications de leurs activités et actions croisées) notamment en cas de prises de fortes doses de CBD et d’un traitement au long court.

Il sera déconseillé aux enfants sans suivi par un professionnel de santé et contre-indiqué chez les femmes enceintes et allaitantes.

En conclusion

Le CBD, en dehors de son effet mode, peut apporter un soutien intéressant dans diverses situations et ce sur des périodes variables : cela peut être très ponctuellement tout comme sur une période plus longue puisqu’il n’y a pas d’effet de dépendance. J’ai d’ailleurs déjà eu de très bons retours de mes consultants à qui je l’avais conseillé.

Il pourrait même être utilisé chez vos animaux (adaptation selon poids/taille à prévoir bien entendu, un conseil professionnel étant préférable).

Par contre veiller à sa qualité, son origine, et à ce que cela soit un CBD naturel et non synthétique : il semblerait que l’organisme humain ne soit pas adapté pour métaboliser correctement le CBD synthétique (des risques de maladies graves et même décès ont été rapportés aux US)

Ne pas hésiter à vous faire accompagner par un praticien.

Véronique Chouteau
naturopathe, nutrithérapeute & coach de vie
vous accompagne et vous conseille à travers ses articles relatifs à ces différentes pratiques.